BILINGUISME

"T'as vu maman, tu parles vraiment le franc comtois!

Mes petits m'interpellent, me pointent une fois encore que je me suis, durant ces derniers jours, laissée happer par cette langue qui est mienne lorsque je retourne dans ces contrées. Réimmersion en terre connue!... Je ne suis pas nostalgique, toutefois je ne peux nier que je reste attachée et sensible aux manières de vivre de cette campagne jurassienne. Des tests à chaque fois: Réussir à me déplacer de nuit et à tâtons dans la maison familiale sans besoin d'allumer les lumières, retrouver d'instinct l'emplacement de tel ou tel objet, visiter et revisiter la grange de la maison à la recherche d'un objet oublié, d'un trésor, d'un vieux meuble que j'aurais projeter de décaper "quand je serais grande"; autant de  petits jeux qui ne cessent de m'amuser. Au petit matin, dans un climat qui oscille entre pluie menaçante et rayon de soleil timide cherchant à percer  l'épais ciel gris, je retrouve ce double sentiment d'hésitation et d'envie de partir gambader en nature à la rencontre de quelques écureuils ou lièvres. Puis, à l'heure du café, au bout de la table, s'asseoir et papoter avec les tantines qui passent par là, simplement comme ça, reprendre le fil, s'encquérir des nouvelles des cousins cousines, s'informer des dernières naissances, rappeler l'âge "des miens", m'entendre dire que ce petit morceau de toile maintient un lien, permet à certains de voyager un peu à travers les petites nouvelles plus ou moins régulières que je veux bien transmettre si le coeur m'en dit. Découper notre temps entre les cousinettes et les copinettes. Renouer avec des personnes perdues de vue simplement parce que le temps passe, débarquer le temps d'un thé, remonter le temps, laisser parler les souvenirs de moments partagés, se dire qu'on ne change que très peu, au moins dans nos têtes! Continuer le chemin, déguster fondue et bonnes choses avec les proches et même déambuler sur le vide grenier du village, échanger là encore quelques nouvelles, parfois comme si on s'était vu la veille, comme si la rencontre n'avait rien de surprenant, comme si la distance et le temps n'étaient qu'une pause, c'est aussi léger qu'agréable. Lorsqu'il s'agit d'Amitié plus ancrées, les retrouvailles prennent une tournure plus festive, on fête et on refête, le besoin de projeter avant de se quitter s'avère nécessaire pour permettre un sourire. Et puis vient le moment de repartir, le moment de remplir le coffre de ces victuailles comme "objets transitionnels" diraient certains. Forcément avec le regret de ne pas avoir eu la disponibilité de voir "tout le monde". Refaire la route en sens inverse, mes petits sous le bras, voir le ciel s'éclaircir au bout de quelques centaines de kilomètres et penser encore et toujours à ce petit coin de "chez moi chez eux"! Garder leur accueil et leur gentillesse au fond de mon coeur, leur adresser ce petit post en guise de "merci et à bientôt!"

Comments

[cam]

Waou !! Tu as toujours ce jolie talent de l'écriture :)
bisous et bientôt les grandes vacances pour se revoir...

[nane]

une fois de plus ...

V. V.A.C

[alex]

bravo la belle, une fois de plus tu as la plume chantante, un brin romantique, bucolique, et qui touche les coeurs ! t'es trop forte quoi ! je t'embrasse !!!

[Les barbottes!!]

Rien n'est perdu encore pour égaler Mister Proust... Une préférence tout de même pour le Comté plutôt que pour la madeleine.

Joli post, rempli de plein de choses qui me parlent. Bises aux Francs-Comtois et à l'écrivain.